La démocratie participative au Ministère?
Par Michel Poivert le vendredi 20 janvier 2006, 12:05 - Politique culturelle - Lien permanent
C’est le 13 février prochain que se réunira pour la première fois le Conseil supérieur de la photographie (CSP) au ministère de la Culture et de la communication. Cette instance nouvellement créée est composée à parts égales de représentants de l’État (Archives nationales, Bibliothèque nationale de France, direction des Musées de France, direction de l’Architecture et du patrimoine, Délégation aux arts plastiques) et de représentants de la "société civile" photographique, nommés pour trois ans (responsables de musées municipaux ou de festivals, marchands, associations, artistes, agences, centres de création, chercheurs).
Le ministre devrait confier à cette assemblée une mission de réflexion afin d’établir la liste des dossiers et chantiers les plus importants pour les années à venir. Cette instance consultative à laquelle la SFP a été conviée se veut un lieu de débats et d’échanges entre des acteurs qui, s’ils se côtoient pour la plupart, s’ignorent parfois ou encore nourrissent des querelles qui peuvent stériliser une action ambitieuse. Représentant à la fois un patrimoine privé, une activité de recherche à travers sa bibliothèque et sa revue Études photographiques, mais aussi l’action en faveur de la création, la SFP entend proposer plusieurs axes de réflexion que l’urgence commande.
Tout d’abord la nécessité de régler l’affaire des donations photographiques effectuées au temps de Patrimoine photographique, désormais conservées dans des conditions matérielles dénoncées par tous. Il revient à un tel conseil de proposer des solutions afin de restaurer la confiance entre donateurs et institutions publiques, faute de quoi les successions se règleront à l’avenir par la mise sur le marché de notre patrimoine photographique. Ce dossier, d’emblée, posera la question des moyens d’action du conseil. Une autre réflexion, liée à la précédente doit être menée: quelles missions le ministère doit-il confier au Jeu de Paume après le départ, à la fin de cette année, de son actuel directeur? La gestion patrimoniale doit-elle être de son ressort ou non? Quelle articulation entre ce lieu et les autres institutions publiques ou privées? Enfin, il nous semble nécessaire de proposer une réflexion sur la création contemporaine. La qualité de la production française est indéniable, les aides de toutes sortes permettent d’accompagner certains artistes - mais comment mieux montrer cet effort et les résultats obtenus? La question de la diffusion doit être posée en regard de celle de l’aide à la création, en travaillant notamment avec le monde de l’édition.
C’est donc un vaste chantier qui pourra s’ouvrir dans les semaines qui viennent, dans une situation quelque peu paradoxale avouons-le, où le désengagement de l’État dans de nombreux domaines semble vouloir être rattrapé par une exigence d’écoute et de réflexion. Mais peut-être est-ce là un symptôme que l’initiative n’appartient plus au seul pouvoir centralisé et que celui-ci cherche à ne pas se couper d’une dynamique qui, quoiqu'il en soit, est engagée.
Illustation: "Du beau travail! Paroles et visages des P'tits LU de l'usine de Ris-Orangis", photo, © et courtesy Zoé Varier/Alexis Cordesse, installation visuelle et sonore, Nancy, 2005 (prochaine étape : Evry, du 2 mars au 15 avril 2006).